Petite histoire de évolution des gilets de sauvetage.

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Histoire des EIF des origines a nos jours.

Si les origines des gilets de sauvetage tels que nous les connaissons datent de la Seconde Guerre mondiale, celles des moyens de flottaison individuels se perdent dans la nuit des temps. Les traces anciennes les plus importantes datent de l’époque d’Alexandre le Grand. La seule initiative prise pour la sécurité des navires dans la tempête sera durant des siècles d’allumer un feu au sommet de tours pour signaler l’entrée des ports. Malgré cela l’escadre qui ramène les restes de Saint-Louis perd 4.000 hommes au cours d’une tempête au large des côtes de Bretagne.

Des manuscrits militaires du XIV° siècle font état de ceintures flottantes gonflables en cuir ou vessie de porc, servant à traverser les cours d’eau, à la chasse ou à la guerre, notamment pour alléger les chevaliers en armure de François 1er lors des campagnes d’Italie.

Quelques inventions font leur apparition au XVII° siècle telle la machine de ce gentilhomme gascon, Lanquer, qui en 1675 définit lui-même son invention comme « le naufrage sans péril, ou l’invention d’une machine qu’on porte dans sa poche et qui vous fait traverser les rivières. » Mais les aides à la flottaison sont surtout développées dans une optique toute militaire, à savoir pour faire traverser les gués par les troupes à pied sans mouiller la poudre si précieuse pour combattre dans les Flandres et sur le Rhin.

Le plus important ouvrage en la matière est celui de l’abbé de la Chapelle en 1775, avec la mise au point de son scaphandre, ou homme-bateau. Il sera le premier à parler de « se sauver des naufrages sans jamais couler au fond« .

Mai, il faut attendre le milieu du XIX siècle pour voir apparaître réellement des équipements de sauvetage, simultanément avec le développement de la natation qui se fait au début avec des costumes flottants et des aides à la flottaison. Les travaux d’un médecin et d’un militaire au Champ-de-Mars en 1852 sur « l’art d’apprendre à nager sans auxiliaire tels que liège, vessies, joncs, bouteilles » préfigureront à la première école de natation en France.

L’idée que l’on puisse venir au secours des naufragés est longue à s’imposer au marin, alors que sur terre, agriculteurs et travailleurs cherchent à se prémunir du danger des crues.

En 1827, le Capitaine Mandy est le premier marin français à préconiser des mesures en plus de la traditionnelle corde de va-et-vient : « Combien il serait important pour la conservation de la vie dans les naufrages que chaque capitaine de bâtiment considérât comme un devoir envers l’humanité de faire préparer à son bord un hamac et des cousins rembourrés de copeaux ou rognures de Liège, pouvant être ajouté autour du corps de la personne de manière à lui faire une ceinture flottante, et à la mettre à l’abri de tout danger de se noyer « .

Les premiers gilets de sauvetage à bord des navires apparaissent sous le terme de “ cuirasse de sauvetage ” en 1846. Car la préoccupation des marins sur les bateaux à voile est de se protéger des chutes de gréements durant les naufrages et les drossages sur les rochers. Fort peu pratiques et occupant beaucoup de place à bord des navires, ces gilets de sauvetage ont failli disparaître au profit des matelas de sauvetage qui remplissaient un double emploi et étaient jugés plus pratiques, surtout lors du naufrage des navires transportant des passagers.

En France, il faut attendre le naufrage de la SÉMILLANTE pour que l’impératrice Eugénie fasse don de ceintures de sauvetage à la marine nationale.

Ce n’est qu’en 1903 qu’un décret impose la présence d engins de sauvetage à bord des navires à passagers. Le naufrage médiatique du paquebot TITANIC en 1912 poussera les grandes nations maritimes à se doter d’une Convention Internationale sur la Sauvegarde de la vie en mer en 1929.

Jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, les équipements individuels sont les ceintures de sauvetage, promues en grande partie par l’héroïsme des sauveteurs tels que le Capitaine Wide en Grande-Bretagne et le Commandant Boytone aux U.S.A.

D’un autre côté se développent en Provence, grâce au commerce avec le Moyen-Orient, et grâce à la Compagnie des Lièges Ouvrés de Provence (qui donnera naissance à la plus ancienne fabrique de gilets de sauvetage français C.L.O.P), des ceintures de sauvetage et des aides à la flottaison conçues pour ne pas gêner le travail ou être facilement à portée de main des agriculteurs qui subissent les colères de fleuves en crue comme le Rhône et la Durance.

Par le nord de l’Europe, et du fait des lois sur la protection des travailleurs prises dans l’empire Allemand, parviennent en France des vêtements de travail flottants et étanches développés par les agriculteurs dans les prés-salés.

C’est finalement du ciel, durant la Seconde Guerre mondiale, que vient le concept moderne de l’équipement individuel de flottaison. En effet, l’aviation du Troisième Reich et celle des alliés se trouvent devant l’impérieuse obligation de sauver à tout prix leurs pilotes tombés à la mer, trop rare et trop coûteux à former. Les Américains développent la fameuse “ Mae West ”, les produits anti-requins, et surtout les équipes spécialisées de récupération, ce qui aura comme conséquence directe le développement de l’hélicoptère.

Les Allemands développent des combinaisons de survie et surtout les gilets de sauvetage gonflables en tissu synthétique.

L’Organisation Maritime Internationale, O.M.I, prend corps en 1948 et définit par la convention SOLAS des distinctions entre plusieurs sortes d’engin de sauvetage :

les engins collectifs : embarcations de sauvetage, engins flottants, radeaux, canots pneumatiques,

les engins individuels : bouées et brassières de sauvetage.

Les gilet gonflables pourtant en service dans l’aviation civile depuis ses débuts ne sont autorisés dans la marine marchande qu’en 1960.

C’est lors de la révision de la Convention SOLAS en 1968, après l’approbation de l’étude sur le retournement des gilets de sauvetage mené par l’Allemand Jost Bernhardt en 1959, que les gilets de sauvetage prennent la forme que nous connaissons actuellement.

Les gilets de sauvetage ont alors une puissance de flottaison de 7,5 kg et sont supposés retourner et maintenir une personne inanimée dans une position de sécurité.

Cependant, les combinaisons de survie ne sont adoptées que plus tardivement encore, après plusieurs catastrophes intervenues lors des campagnes de la grande pêche en 1977-78 et dans les industries offshore. Un décret de mars 1981 fait enfin obligation d’embarquer des combinaisons d’immersion à bord des navires français.

En 1982, suite à un certain nombre d’accidents du travail, les comités techniques nationaux des Industries du Bâtiment et des Travaux Publics d’une part, des Pierres à Feu d’autre part, demandent une étude sur les gilets de sauvetage utilisables au travail. A partir de cette étude sur 18 gilets de l’époque, sera élaboré en 1986, la norme française NF S 71-050 Gilets de sécurité gonflables et à flottabilité permanente pour l’industrie. Elle sera suivie par des recommandations techniques de la part des organismes de prévention.

Cette norme elle-même a été remplacée en 1995 par les nouvelles normes européennes sur les gilets de sauvetage, qui pour autant n’ont pas spécifié leur utilisation en situation de travail, laissant une ambiguïté entre les E.P.I et les équipements de sauvetage.

En 1999 une directive européenne 96/98/EC vient supplanter les homologations nationales de type “ marine marchande ” sur les équipements marins, répondant ainsi à un désir d’homogénéisation des matériels de sauvetage au sein de l’Europe.

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